Océan bleu

À vrai dire, j’évite d’ouvrir le placard aux manuscrits. Tant d’écrits, certains si lointains. Les piles s’alourdissent sur les étagères ; je me sens vieux. On pense à mieux ranger, on se persuade que le moment est venu, on n’en fait rien. Peur d’objectiver une vie passée, de faire son deuil de cette fluidité du geste qui accompagnait l’acte d’écrire. Les couleurs, les sonorités levées par l’avancement des mots sur la page se sont depuis longtemps envolées. À quoi bon se pencher sur des papiers qui n’accrochent plus rien de la lumière du jour, maintenant qu’ils sont remisés à l’écart de la vraie vie. Il sera toujours temps de les acheminer vers quelque département d’archives.

Les peintres me semblent mieux habitués à vivre avec leurs productions passées. Ils ne les cachent pas derrière une porte. Partout des toiles, accrochées ou posées à la verticale à même le sol ; leurs ateliers en regorgent. J’y vois des compagnons-zombies assistant, dans un demi-sommeil, au travail de l’artiste. Il y a ces tableaux à peine esquissés,  ou encore ces toiles déjà bien avancées et qui semblaient prometteuses, en attente maintenant d’un improbable achèvement. Le peintre les met parfois en pénitence, en les retournant pour ne plus les voir. Il leur a trop donné, il s’en est fatigué à force de n’arriver à rien qui le satisfasse. Parfois il en retourne une, la trouve « finalement pas si mal », s’étonne même d’en être l’auteur. Un jour, il la reprendra ; en tout cas, il se le promet.

Je garde dans mon placard les manuscrits édités. J’en conserve aussi parfois les différents états précédant le texte définitif. Ils côtoient les écrits avortés du fait des aléas de l’existence. Un éditeur qui ferme sa maison, un autre qui dit non, une collaboration à un projet collectif qui fait long feu. Quand on se lance dans l’écriture,  on ne sait  généralement pas que le chemin est semé de projets  non aboutis, la faute finalement à pas de chance. Plusieurs théoriciens de l’écriture se sont penchés sur l’intérêt des manuscrits inachevés. Je pense à Roland Barthes. Les manuscrits édités sont des îles à la surface d’un océan qui ne montre pas ses épaves. Souriantes îles. Océan uniformément bleu.

 

Le coin de l'auto-édition 

En auto-édition, le roman Chronique du Peuple Ailé des Phaâs.

Roman. CHRONIQUE DU PEUPLE AILÉ I.pdf

Roman. CHRONIQUE DU PEUPLE AILÉ II. doc..pdf

 

Une interview à propos de mon roman Laomer.

Voici, en format PDF, l’interview écrite à propos de mon roman Laomer, sur l’initiative d’une étudiante en Lettres Modernes - Sorbonne. J’ai pensé que ce long texte serait susceptible d’intéresser les lecteurs de mon roman. Il fournit une série de réflexions sur la fabrication de ce récit, sur le XIIIe siècle, où j’ai situé anachroniquement l’intrigue. Chrétien de Troyes en effet vivait au XIIe siècle, et se plaignait déjà qu’à son époque, les chevaliers courtois n’existaient plus ! Ce déplacement dans le temps permet de visiter un siècle extrêmement riche du Moyen-Âge, son apogée très certainement. J’ai ainsi contribué à élargir la fourchette dans laquelle les écrivains et les cinéastes situent le roi Arthur et ses chevaliers. Le King Arthur de Antoine Fuqua, réalisé en 2004, situe l’action au temps de l’empire romain déclinant, soit au Ve siècle. Les échos concernant mon roman m’ont paru très intéressants. Je renvoie mon lecteur vers le Web, où il trouvera les principaux.

Interview sur Laomer. pdf.pdf

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