Groenland 2

Baie de Melville. L’arrivée en Baie de Melville, au matin du 17, se fait par fort vent qui creuse la mer et provoque des bourrasques de neige. Sur le pont du Grigoriy, les zodiacs sont blancs. Des deux débarquements prévus, l’un au cap Alexander, l’autre au cap York (75, 55 degrés de latitude Nord), aucun ne sera réalisé. Le vent a accumulé des blocs de glace contre les rochers de la côte. Après les repérages nécessaires en zodiac pour assurer la sécurité, la décision des guides est sans appel. Ajoutons le brouillard, au cap York. Trop dangereux. 

Mais nous aurons droit à une superbe sortie en zodiac, dans des conditions climatiques que nous ne sommes pas près d’oublier. L’équipage russe paraît plus habitué que nous à ce genre de mer pour le moins impressionnante. Nous longeons des fronts de glaciers longs de plusieurs kms, contemplons des icebergs fantasmatiques. Glaciers et icebergs sont dangereux. Les chutes de tonnes de glace peuvent créer de grosses vagues. Le Grigoriy (photo bandeau ci-dessus) nous suit tandis que nous passons au milieu des glaces. Sur les zodiacs, au ras de l’eau, on ne peut pas dire qu’il fasse très chaud ! Au bout de deux heures, le froid entre partout. Au retour, des boissons chaudes fort bien venues nous attendent sur le pont.

Détroit de Smith. 18 septembre. Nous remontons toujours plus vers le Nord et arrivons dans le détroit de Smith. Sur notre gauche, le Canada, et sur notre droite, le Groenland. Côté Canada, nous apercevons les côtes de l’île Ellesmere, très au Nord du Nunavut, terre quasiment désertique, si l’on excepte quelques villages inuits. Sur l’île elle-même, une station de scientifiques, considérée comme la ville la plus haute de l’hémisphère nord. Le Grigoriy a dépassé les 78 degrés de L.N. Côté Groenland, restent des villages inuits, très peu peuplés. En début de voyage, nous étions sur les traces de Paul-Émile Victor ; maintenant, nous sommes dans les territoires où vécut Jean Malaurie. Etah, Siorapaluk, Savissivik, et bien entendu la vieille Thulé (Dundas) sont des noms dont parle Malaurie dans son livre Les Derniers rois de Thulé.

Pour l’instant, nous allons tout droit vers la banquise. Et nous finissons par la trouver, déjà bien formée, si l’on en juge par les secousses violentes contre la coque, et la difficulté du bateau à progresser. J'ai déjà eu une belle expérience avec la banquise au Svalbard, avec le même Grigoriy qui s'était fait carrément encercler par la glace.  Cette fois, elle est moins compacte. Le vent est sud, il fait très froid et les lumières rasantes sont d’une beauté à couper le souffle.

Les grandes plaques de glace, mal solidifiées, sont vides. Pas de phoques, pas d’ours. Ceux-ci se trouvent du côté canadien où la banquise se forme plus vite, nous dit notre guide. Dommage. À 78 degrés 18 minutes Nord, nous mettons le cap vers l’est, direction de la Pointe Cairn. À défaut d'ours et de phoques, nous y rencontrerons des chasseurs et des boeufs musqués.

Le fjord d'Etah.

Etah est situé au fond d’un fjord très coloré. Le village, que connut Jean Malaurie, n’existe plus aujourd’hui. Trop froid, semble-t-il. Il est vrai qu’un grand glacier occupe le fond du fjord et que le vent qui en descend est glacé. Nous en ferons l’expérience au cours d’un petit trekking jusqu’au front glaciaire. Il ne reste à Etah qu’une cabane destinée aux chasseurs. Nous avançons très prudemment dans ce fjord mal cartographié. Le pilote ne quitte pas des yeux le sonar qui révèle un fond capricieux, allant de 10 à 100 mètres. Des chasseurs prennent contact par radio. Ils nous attendent à la cabane, avec leurs prises : un bœuf musqué et sept renards arctiques. Ici, on chasse encore l’ours et le caribou. Voir vidéo page Groenland 2 b.

Le capitaine informe les chasseurs qu’une tempête s’annonce du nord. Il leur propose d’embarquer leurs hors-bords et de les ramener chez eux, au village de Siorapaluk. Il faudra toute une nuit de navigation pour y parvenir.  

Après le repas, un des chasseurs chante des chansons traditionnelles en frappant un bois de renne sur une omoplate de morse. Chants monotones, austères, comme j’en ai entendu aussi chez les Indiens des USA et du Canada. Grand moment de rencontre avec une autre culture.

Voir Galerie vidéos et photos en page Groenland 2 b.

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