Groenland

On s’aventure rarement sur la côte nord-ouest du Groenland. La plupart des voyages touristiques finissent à Ilulissat. C’est dans cette ville de 4500 habitants et de 6500 chiens que nous atterrissons, en provenance de l’Islande, pour embarquer sur le Grigoriy Mikheev. Un bateau propriété du département d’études hydrographiques de Saint-Petersbourg, affrété par « Grand Nord Grand Large ».  Nous sommes le 13 septembre 2008. Quarante quatre touristes embarquent à bord de ce navire qui n’a rien d’un bateau de plaisance. Les ponts sont à découvert. En cas de mauvais temps, on se réfugie dans sa cabine, dans le petit bar, la salle à manger ou encore dans la cabine de pilotage. Belles conditions de vie qui prennent, quand tombe le brouillard, des allures de voyage « quasi mystique », comme le dit Nicolas Dubreuil, notre chef d’expédition, grand spécialiste du Groenland. Un périple de quelque 3500 kms qui nous fera dépasser le 78° de latitude nord dans un étroit chenal séparant l'île  canadienne Ellesmere, au Nunavut, et la côte groenlandaise en Europe.

Atterrissage à Ilulissat.Ilulissat-av.gif

Le Grigoriy est resté au large. Nous le rejoignons en zodiac, avec nos bagages et nous partons immédiatement. J’ai souvent rêvé dans mon enfance à la baie de Disko. J’y suis. Le bateau se promène dans l’Icefjord au milieu d’icebergs colorés par une sublime lumière du soir. Deux baleines à bosse s’amusent autour du navire.   

Le 14 au matin, arrivée dans la baie de Qervain. De là partaient les expéditions de Paul-Émile Victor dont enfant, je voyais les reportages, aux « actualités » dans le cinéma du quartier. Une cabane est toujours debout, avec une affiche sur les Expéditions Polaires Françaises. De la cabane, à flanc de côte, il faut grimper sur le plateau d’où la vue sur la baie est splendide. Petite toundra faite de lichens et de mousses somptueux. Nous surprenons un renard arctique dans sa quête de nourriture. On entend les craquements du « glacier du lièvre » situé en face de nous, dans la baie. De vrais coups de tonnerre. Ce sont les blocs de glace qui tombent  régulièrement dans la mer. Qervain-débar.gif

Ci-dessus, débarquement près de la cabane de Paul-Émile Victor. Ci-contre : premières lueurs dans la baie de Qervain. Le Grigoriy Mikheev devant le glacier du lièvre. Moi sur le plateau dominant la baie. Renard sur fond jaune de saules arctiques. Ci-dessous  et ci-contre : toundra.

Baie d'Ummanaq. Alternance brutale de brumes et de soleil. Un petit village existait là jusque dans les années 50.  Nous visitons quelques maisons abandonnées, quelques tombes. Nicolas Dubreuil nous initie à une approche ethnologie du village, des maisons qui se disent igloo, mot qui n'est pas réservé uniquement aux abris de glace, des tombes pré-chrétiennes et chrétiennes, de l'environnement exceptionnel du site, parfaitement adapté pour sauter dans son kayak dès qu'on aperçoit un narval, un phoque, une baleine dans un angle ouvert à plus de 180°. Le fjord est encombré de gros icebergs (ci-contre) auxquels nous commençons à nous habituer. Nous verrons pire en termes de brouillard et d’icebergs !

Remontant vers le nord, nous arrivons dans le district d’Upernavik. Le 16 septembre est déjà l’hiver, ici. Nous ne trouverons que quelques guillemots sur ces falaises qui en abritent des milliers durant les beaux jours. Le Grigoriy Mikheev est aperçu par des pêcheurs sur leurs barques à moteur. Ils nous font un brin d’escorte. Ils viennent de Nussuaq où nous débarquons à l’aide des zodiaques. Accueil chaleureux de la part de ce village chasseurs de phoques. Vues surprenantes de maisons avoisinant les icebergs, de chiens gérant leur attente de l’hiver et attendant la nourriture. Beaucoup d’enfants accueillant Nicolas Dubreuil avec joie. C’est notre premier contact avec la population groenlandaise.

 
 

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