Le Québec

 

J’ai commencé à fréquenter le Québec dans les années 90. Des échanges avec des chercheurs universitaires ont conduit à la mise en place de colloques, de séjours d’enseignement  et de recherche de longue durée. Je m’y suis rendu également pour visiter le pays et les provinces voisines, l’Ontario et  les Provinces maritimes. Si je mets bout à bout voyages et longs séjours, je compte plus d’une année de présence sur une terre qui m’est devenue de plus en plus familière, et où je compte de fidèles amis.

J’ai tant gardé de souvenirs que je serais bien en peine de ranger par ordre d’importance les images qui me sont restées dans la tête, que ce soit les îles du Saint-Laurent comme l’île d’Orléans, à la porte de Québec, Grosse-île, qui fut l’endroit de quarantaine pour les émigrants venus d’Europe, le cap Tourmente et le tourbillon d’oies des neiges qui s’y arrêtent, vers octobre, le temps d’un été des Indiens, l’ambiance de Noël dans le Vieux Québec ou sur les places de Montréal, le carnaval de fin janvier - début février sur les plaines d’Abraham et sur le fleuve en glace, le traversier pour Lévis qui, l’hiver, peine à jouer son rôle et vous débarque sur l’autre rive figée par le froid extrême. Je n’oublie pas les balades en raquette dans le bois, par moins 40. J’ai aimé voir la Beauce, l’Estrie et Sherbrook sous les érables rouges et les premières neiges, Charlevoix et Petite-Rivière-Saint-François, chère au cœur de l’amie Micheline. Un de mes plus beaux voyages est le cabotage le long de la Basse-Côte-Nord du Saint-Laurent. Le bateau vous conduit jusqu’à Blanc-Sablon, à la frontière du Québec et du Labrador, en face de la pointe Nord de Terre-Neuve. Une semaine de bateau aller et retour.

J’ai gardé des souvenirs très vifs de la faune marine, à Tadoussac, bien sûr, mais surtout en descendant le fleuve vers l’Océan, ou en partant de Percé pour découvrir, au large, la compagnie des dauphins joueurs et des baleines à bosse. Ce sont ces dernières que j’ai le plus souvent observées, au Canada, mais aussi au Groenland et au Svalbard.  Il y a aussi l’île Bonaventure et sa colonie de fous de Bassan, chère à Anne Hébert.

J’ai connu le Québec aux quatre saisons, j’y ai passé de longues semaines d’hiver. On y découvre un pays tellement différent. Hiver comme été, les premières sensations sont qu’on n’y est pas à l’étroit. La forêt (le bois) n’est pas naturellement votre amie ; elle garde un aspect non domestiqué, sauvage. J’y ai observé des ours et des élans. La plupart des zones habitées se sont créées finalement auprès du Saint-Laurent et des rivières, en repoussant un peu plus loin la forêt. Forêt et rivières partout présentes dans les récits des européens arrivant aux XVIe et XVIIe siècles.

La Jacques-Cartier

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Balade le long de la Jacques Cartier, par un matin d’octobre, avec Micheline, l’amie québécoise. Sur la droite, à l’orée du bois, nous voyons de l’herbe foulée et pensons au passage d’un ours. Plus loin, un garde forestier, accroupi, observe la rivière et nous fait signe de nous baisser. Des orignaux sont là, un mâle, deux femelles, deux veaux. C’est la période du rut, nous explique le garde. Les deux femelles sont en conflit, l’une veut chasser l’autre et y réussira. Le mâle n’est pas encore prêt pour un accouplement. Il laisse faire. Nous les observons près d’une heure, en train de patauger dans la rivière, de se défier. Je n’ai pas souvenir de cris. Seulement de forts bruits d’éclaboussements. Ils sortiront de la rivière et passeront à dix mètres de nous.  

Diaporama
Les oies des neiges

C’est environ un million d’individus qui s’arrête deux fois par an sur les rives du Saint-Laurent. Je les ai observées plusieurs fois au Cap Tourmente, à l’automne, quand elles reviennent de l’Arctique pour passer l’hiver sur la côte est des États-Unis. Elles arrivent en tourbillons le long de la falaise du cap et se répartissent sur les rives du fleuve à marée basse. On en croise aussi dans les champs, pas plus gênées que cela par votre passage.  Le tout dans une nature automnale flamboyante.

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